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Arrivée à Bangalore
Le taxi blanc glisse en silence sur l'asphalte qui semble avoir étén déballé juste avant notre passage. Quel contraste par rapport à ma précédente arrivée en 2011 ! L'axe menant depuis l'aéroport de Bangalore jusqu'au centre n'a rien à voir avec les chaussées de Calcutta, où toute la ville semble conduire au klaxon, comme à l'aveugle, pour un peuple d'acousmatiques. Ici, loin du centre-ville, la conduite est plus paisible. Le regard de Shiva des deux cadrans bleutés du tableau de bord du taxi me paraît bien sévère pourtant...
Il y a quelques minutes, je frétillais au sortir de l'Airbus A330, agité comme un gamin devant un magasin de jouets. Sans doute parce que la température, aux basses heures de la nuit, était d'une douceur de peluche. Je venais, pour la deuxième fois, de poser le pied en Inde. A bord, j'avais observé ma voisine pendant de longues minutes. Son pagne bleu nuit faisait miroiter des feuilles dorées qui tournoyaient depuis la taille jusqu'aux chevilles. Elle portait au lobe de l'oreille droite une boucle sertie de trois pierres et reliée au haut du pavillon par une chaînette, en or également, et à chaque poignet des bracelets martelés glissant vers des mains de cuivre tavelées. Occupée à lire son petit missel hindouiste et ignorante de la langue de Rabelais, elle n'avait pas relevé la curieuse remarque du pilote peu après le décollage ; « Au-dessus de l'Iran, nous traverserons les habituelles turbulences ». Dans la quiétude de la nuit générée par la fermeture des volets de hublots, elle m'avait expliqué que son mari et elle, pour tous leurs voyages, parcouraient trois fois chacun ce livret usé par les ans, en guise de rite propitiatoire. A ma droite, Ranjich, natif de Delhi et installé à Toronto, allait rendre visite à un oncle malade avant de rejoindre sa femme et son fils à Calcutta. En kannada, hindi ou penjabi, les langues claquaient de manière caractéristique contre les palais et les conversations allaient bon train dans ce zinc où j'étais un des rares Westerners – ce qui faisait mon affaire.
Je partais pour le Sous-continent !
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