• L'hédoniste et le conducteur de pelle hydraulique

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    Les habitants de Minnathu, village du sud de Bagan, sont préoccupés : des travaux sont en cours pour l'installation d'une tuyau souterrain qui reliera le puits à toutes leurs maisons. L'arrivée de l'eau courante – une évolution cardinale pour leur quotidien. L'opération est financée par une ONG japonaise. Ce pas vers le confort est en train de se faire : un pied est lancé.

    A cette fin, une pelleteuse de type flambant neuf a été diligentée sur place. Et à la manœuvre, manifestement, le conducteur de pelle hydraulique débute. Sous le toit de bambou du café du hameau, ce sont donc une bonne vingtaine de paires d'yeux qui sont fixées sur lui. Il a juché son engin sur le dos de la petite pelle, histoire de rehausser le véhicule. A présent, à l'aide de la pelle principale, il lisse le terrain déjà muni du tuyau. Sensibles aux enjeux que cette initiative agite comme un sésame, les villageois ont le regard braqué sur le conducteur d'engin. Les commentaires vont bon train. Tout le village en parle. Il fait chaud, mais c'est visiblement cette pression qui provoque des suées chez notre ami. On lui apporte une bouteille d'eau fraîche, il balaie l'offre d'un geste de la main, se remet au travail comme un tovarish de la grande époque.

    A présent, son terrassement terminé sur cette zone, il se risque à creuser en amont du puits. Or, le sol est un remblai de branches et de matières minérales. Pression, pression. Un chien qui passe par là se retourne vers les locaux, à présent chauffés à blanc comme des ultras de l'OM. En chien, il paraît leur glisser un message du type « mais foutez-lui la paix, nom d'un os ! ». Nous quittons ce tableau – trop de tensions.

    Avant-dernière journée à Bagan. Je suis désormais passé pro dans l'art de détecter les spots de rêve. Mon nouveau spot favori ? Le temple Winido. A l'écart de tout, un temple dont on a laissé, au treizième siècle, les clés des parois intérieures au Michel-Ange birman. Des peintures d'une finesse rare – un créativité, une rigueur, une maîtrise stupéfiantes. Il n'y a pas là que des figures du Bouddha répétées comme à l'infini, prolifération que l'on voit souvent - et dont le point culminant est pour moi Mogao, en Chine.

    Derrière le dos du Bouddha, une fresque dans les rouge (rare) expose des éléphants assis en ligne sur une bande de feuilles d'acanthe. A quelques pas de là, des chimères d'esprits ont forme humaine sur des bassins de poules. Hallucinant !A Winido, on danse, on rit, on fait carnaval... Ces fresques ont presque mille ans, on peut glisser un doigt léger dessus pour en suivre les courbes radieuses. En maints endroit, des épisodes de la vie du Bouddha (qui en compte tout de même 550) sur lesquelles on peut ressentir la joie, la bienveillance. Si loin de notre église doloriste d'Europe ! Ici et là, des femmes tout droit sorties de toiles de Gauguin comme dans Vahine no te tiare.

    Hédoniste, va !


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