• Tropical malady*

    Bangkok, quartier de Khao San. Il est 5h56. Vue depuis le lit, l'encadrure de la porte de la salle de bains forme une symétrie parfaite avec le miroir du trumeau Thai style fixé au mur de la minuscule chambre dans laquelle je suis éveillé depuis un long moment. Le vitrail en plastique fixé au plafond de la salle de bains - faisant office de puits de lumière - et le reflet du miroir apportent la lueur de l'aube descendue péniblement jusqu'au rez-de chaussée, où nous logeons. Le puissant ronflement d'un voisin, à l'étage supérieur, se cogne contre la paroi de l'immeuble d'en face pour revenir traverser notre moustiquaire avec l'autorité d'une division de blindés. Par intermittence, fiché dans un caillebottis posé sur le mètre carré de ciment qui fait office de terrasse, un gecko se signale pour rivaliser avec notre dormeur, avant de se raviser, sans doute inquiet devant l'ampleur de la tâche. Je fais le point sur les quatre derniers jours.

    C'est lundi que nous avons franchi la frontière pour parvenir jusqu'à la capitale thaïlandaise, après un périple sous gastro qui restera gravé dans les annales. Dans la nuit qui semblait obstinément refuser de nous mener jusqu'à mardi, nous avons pris la décision de transporter nos petits malades à l'hôpital. Une demande de conseil à la réceptioniste, et hop ! nous filons, à l'heure du tigre, à travers les rues de Bangkok dans un taxi-meter. Pas de tuk tuk, du confort pour nos petits malades ! Après consultation par le médecin de garde des urgences, une vieille Thaïe d'apparence froide mais qui se révélera, au final, tout à fait impliquée, Célestin et Amphélise sont admis au service pédiatrique et seront logés ensemble, au fond d'un couloir dont le mur d'entrée, devant l'ascenseur, est décoré d'une toile où figurent une petite fille allongée sur un lit d'hôpital, entouré des équipements les plus modernes, et une doctoresse souriante en blouse rose lui prodiguant des soins sous l'oeil bienviellant de Jésus Christ, en retrait mais bien présent, auréolé de lumière. Welcome to Mission Hospital, établissement privé d'obédience adventiste. Calée sur un fauteuil roulant, Amphélise me chuchote qu'elle ne veut pas rentrer, que l'aventure ne s'arrête pas...

    La décision d'hospitaliser nos chers petits voyageurs était la bonne : ils étaient très déshydratés en arrivant. Une mise sous perfusion et sous antibiotiques leur a permis de se rétablir à toute allure. Le personnel, aux petits soins, a été adorable. Dès le lendemain soir, après deux jours de soins, Célestin a pu rentrer avec moi à l'hôtel, ravi à l'idée de visionner Real Steel sur écran géant dans une guest house toute proche de notre hôtel, tandis qu'Amphélise est restée une nuit de plus, en compagnie d'Eve. Pour le coup, c'est en tuk tuk que nous sommes rentrés du Mission Hospital, en famille, hier après-midi. Amphélise avait le visage fendu par un sourire gourmand et ses yeux disaient bien le bonheur qu'elle avait de faire partie, de nouveau, du monde des bien portants. Sa soeur et lui, pendant quatre jours de galère, ont été d'une grande vaillance. Ils ont mis les chariots en cercle et combattu avec coeur.

    A l'heure du rétablissement, donc, tel Rocambole, nous pouvons repartir à l'assaut de nouvelles aventures. Notre destination, ce matin : Thong Pha Phum (on dirait pas un roulement de batterie, ça ?), dans l'est du pays, à proximité du Myanmar. Nous allons passer une journée dans un centre de soins pour éléphants, le Ganesha Park (Ganesh, le fils de Shiva dans la religion hindoue, porte un visage d'éléphant). Il ne s'agit pas que d'une promenade à dos d'éléphant, mais d'un special day consacré aux pachydermes (alimentation, soins, bain, etc.). Nous sommes tous enchantés à l'idée de cette expédition.

    * hommage au génial cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, dont le vibrant "Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures" est pour moi un grand film.

     


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  • Commentaires

    1
    olivdenantes
    Vendredi 3 Août 2012 à 12:38

    salut les ptits poulets

    waouh ! franchir la frontiere avec 2 chouchous en mode gastro : c'est du christophe colomb ou je ne m'y connais pas !!!!

    sans dec ça a du être l'enfer !!!

    j'ai moi meme fait ce petit trajet (!!!) il y a quelques années et j'y avais notamment apprécié la qualité des routes cambodgiennes !!!!!

    excellent trip en tout cas ...

    en plus le temps s'y prete bien !! rassurez vous il pleut aussi chez moi en ce moment même !!

    moi j'y etais en fevrier au cambodge et visiter angkor wat par plus de 45 à l'ombre c pas top non plus !!!

    mais pourquoi donc ne pas aller faire un tour au laos ???

    apres siem reap que j'ai detesté le laos m'a offert calme, nature et quiétude absolue ...

    m'enfin !

    keep on taking the road amigos !

    des grosssbibizzzz

    oliV

    le neonantais qui kiffe bien sa grande maison avec jardin ou vous êtes les bienvenus au retour ...

    (et dire que mon filleul a eu son bac avec mention TB ça nous rajeunit pas !

    2
    Christouche
    Vendredi 3 Août 2012 à 17:01

    Bravo les p'tits loups !!!! Vous êtes vite devenus de vrais baroudeurs ! Chapeau bas !

    On dit que les voyages forment la jeunesse, non ?

    Bises atlantiques

    Christine

     

     

     

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