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Prermières Heures à Yangon
Vers 21 heures, le long des venelles de la capitale, les piétons se sont fait capturer par l'obscurité, et dans les lumière intermittente des phares d'autos, chacun allonge son ombre comme une longue guimauve jaunâtre glissant le long du trottoir. L'éclairage urbain, quasiment inexistant, a plongé la vie nocturne, encore intense, dans le noir. Autour de braseros, assis sur des chaises basses, on discute – bébés et jeunes enfants, dans les bras de leurs parents, basculent dans le sommeil. Il fait un brin moins chaud, les ombrelles roulées sont posées contre murs et portes. Fin de journée à Yangon.
Je suis arrivé vers 12 heures et ai quitté l'avion dans une chaleur de buffle. China Air, sous prétexte de tarifs bon marché, nous a balancés, comme des sandales mal fixées à un sac à dos, d'aéroport en aéroport jusqu'à la capitale du Myanmar. A Chengdu, en Chine, à l'heure du Tigre, il a fallu renouveler la procédure d'enregistrement à la sortie de l'avion, avec bagages et tout le toutim. Sachant que notre zinc, bloqué sur le tarmac, avait pris du retard, ne reste plus qu'à imaginer la pagaille devant les trois bureaux de ckeck-in : qui qui va à Hong Kong, qui qui va à Katmandou, qui qui va à Yangon ? Les contrôles de passeport, nombreux comme une famille filloniste, ne lubrifient en rien la transfert.
A Kumming, on a carrément basculé dans l'absurdité : sortis de l'avion, il nous a fallu courir à travers l'aérogare, passer de nouveau douanes et check-points divers pour retourner à l'arrache... dans le même petit Airbus, qui n'avait pas bougé sa carlingue d'un poil. Mais bon, quelques minutes avant, nous avions survolé le Yunnan, planté au sud de la Chine, et admiré, à l'occasion d'une trouée dans l'épais tapis de nuages aveuglant, de somptueuses rizières en plateaux et leurs arabesques millénaires. Extraordinaire.
A l'issue du troisième vol, nous nous sommes donc posés à Yangon, notre destination. J'avais pris, dans mon petit hôtel du sud de la ville, l'option « airport pick-up », et pour la première fois, j'ai bénéficié de cette attention étrange : un papier à mon nom tendu en l'air à la sortie des douanes. V.IP. Style (pour une chambre sans sdb, ni clim).
J'ai passé mon après-midi a me balader dans le quartier, poussant jusqu'au centre. En ce début de saison chaude, les femmes portent sur les joues le Thanaka, poudre jaune appliquée le plus souvent sous forme de disque, qui, outre ses fonctions cosmétiques, protège du soleil. Les hommes, pour la plupart, portent un pagne noué aux hanches. Dans ce quartier des mécanos, on vend de la graisse de toutes les couleurs, élégamment présentée dans des bidons de métal. Les visseries sont chargées jusqu'à la gueule de pièces de toutes formes. Il y a autour de l'hôtel une grosse communauté musulmane, Indiens, Malais et Pakistanais, dans laquelle les anciens laissent pousser une barbe fauve teinte au henné et les plus jeunes ont pour couvre-chef un petit calot de coton tissé blanc. Les Hindouistes, serties au front du Tilak, la marque rouge, portent aussi le disque de Thanaka. Les Muslims portent également le pagne.
On pourrait donc vivre ensemble ?
Dans la rue, on frit, on fait bouillir, on découpe, on effile, ça cuisine de partout. Attroupés autour de petits stands, on roule également le bétel, consommation qu'attestent les dents rougies et les gencives décharnées – comme frottées au sang – des habitants du coin.
Pour terminer en beauté cette journée, j'ai mis le cap – conseillé par les adorables hôtes et hôtesses de l'établissement – vers le Night market situé plus au sud, le long de la rivière Yangon. Après une petite assiette de calamars en sauce, qui m'a rendu la langue cloutée comme le perfecto de Lemmy, j'ai pu retrouver une vie buccale plus calme par le biais d'une délicieuse salade de légumes effilés, sauce au miel et coriandre. Retour à pinces sur les grandes artères qui s'étaient vidées d'un trait comme un siphon. C'est désormais dans les rues plus étroites que la vie se poursuit.
Il est 23h. Au-dessus du comptoir d'accueil, face à moi, les bestioles font crépiter les néons bleutés de la lampe anti-moustiques, le gardien de nuit glisse lentement sur le comptoir en enfonçant sa tête au creux de ses bras... et les gros boules des deux éléphants de teck posées sur la tables basse me rappellent que je ferais mieux d'aller compter les moutons là-haut, si je veux être en forme pour le lever du soleil sur la Pagode Shwedagon. Départ à cinq heures. Yalla !
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Commentaires
1GaëtanVendredi 31 Mars 2017 à 10:31Alors, bien arrivé !?Répondre-
pacobalconVendredi 31 Mars 2017 à 11:23Nickel - à peine quelques éclaboussures
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2EveVendredi 31 Mars 2017 à 19:29Coucou,
Ah oui sympa le trajet! sinon ça a l'air bien cool. Poste nous plein de photos. Gros bisous.
3GeraldineSamedi 1er Avril 2017 à 22:06Profite ! Tu dois en avoir plein les mirettes !!! On attend les photos :-) bises-
Dimanche 2 Avril 2017 à 04:45
J'en profite, j'en profite.
Pour voir les photos, il faut cliquer sur PHOTOS ICI - ça ne fonctionne pas ?
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4EveLundi 3 Avril 2017 à 18:31Salut l'aventurier, merci pour tes textes on a l'impression de respirer les parfums du mérché à tes côtés. Est- ce que tu pars faire cette fameuse randonnée? bisous
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